Loire à pieds, étape 3 : Nantes
- Didier Guénin
- 15 mai 2022
- 1 min de lecture

Tandis que s’efface Trentemoult, se dessine à ma droite sur la pointe maritime de l'île de Nantes, devant les anciens chantiers navals, la silhouette du manège géant du Monde des marins. Tout droit sorti de l'imagination débordante et poétique de François Delarozière, ce carrousel immense révèle une machinerie foraine sur trois étages. Je me souviens avoir avec bonheur visité les ateliers où sont nés les animaux géants et articulés qui peuplent cet univers marin et onirique : un crabe gigantesque, une raie manta à l'élégance aérienne, un calamar géant apte à engloutir le Nautilus de ses tentacules volubiles, et tant d'autres poissons qui s’assemblent dans une incroyable machinerie, tandis que seize pêcheurs venus de toutes les mers et océans du globe se dressent en gardien de l'imposant manège haut comme un immeuble de plus de six étages.
Mes premiers pas sur la rive droite sont étranges. Les quais de Nantes offrent un visage délicieusement disloqué, avec leurs maisons de guingois qu’on croirait sorties du miroir déformant d’Alice au Pays de Merveilles. Le long du quai de la Fosse s’alignent les riches hôtels particuliers en pierre de tuffeau des armateurs qui firent la fortune de Nantes et la leur au XVIIIe siècle. Le lieu oscille entre la grandeur financière de ses bâtisseurs et la décadence orgiaque de leurs successeurs quand les bâtisses tinrent lieu de quartier chaud entre bars à marins et maisons closes, au point que les Nantais le surnomme quai de la Fesse. Assurément fesse molle si l’on en juge par l’affaissement de ses formes. Ici rien n’est droit et les verticales qui s’envoient en l’air ont des penchants obliques.
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