La Lorraine annexée par la France
- Didier Guénin
- 20 oct. 2020
- 2 min de lecture

20 octobre 1677 naissance de Stanislaw Leszczynski
Je voue à Stanislas Leszczynski une reconnaissance sincère pour avoir énoncé que « le vrai bonheur consiste à faire des heureux ». C’est assurément une maxime d’une justesse extrême et une philosophie de vie qui me sied.
Bien sûr je lui en veux d’avoir été l’instrument de la perte d’indépendance de la Lorraine, mais lui accorde ma tendre indulgence pour la magnifique histoire d’amour entre l’archiduchesse Marie-Thérèse et le jeune duc souverain de Lorraine François III qui
servit de toile de fond à cette annexion par la France.
Il y a sans doute mille manières de conter cette histoire, sous l’angle des guerres de
succession, des combinaisons de cours, des intrigues, de l’ambition ou de la diplomatie, mais c’est l’angle amoureux qui me plaît. Assurément la réalité se trouve-t-elle quelque part à la conjonction de ces points de vue, qui tous concoururent à son élaboration.
Ma modeste vérité est celle des deux plus puissants souverains de leur époque, Louis XV et l’empereur d’Autriche, confrontés chacun à un casse-tête familial. Louis XV a sur les bras son beau-père Stanislas, roi de Pologne sans domicile fixe depuis que la diète polonaise l’a déchu
du trône ; cela ne fait pas joli dans le gotha des cours européennes. L’Empereur lui n’a pas de garçon et compte sur sa fille Marie-Thérèse pour hériter de ses terres. Or Marie-Thérèse est follement amoureuse du jeune duc souverain de Lorraine François III. Certes le jeune
homme est de la plus haute extraction, élevé à cour impériale, à la tête d’un duché souverain… Mais quand même ! La Lorraine n’a pas suffisamment de prestige pour faire un gendre d’empereur. Surtout que si la Pragmatique Sanction reconnaît les droits de Marie-Thérèse à devenir reine de Hongrie et reine de Bohème, elle ne l’autorise pas à monter sur le trône impérial. Or Marie-Thérèse, pour qui son père imagine quelques prestigieux époux dignes de ceindre la couronne impériale, se refuse à épouser autre que François. La solution fut un incroyable jeu de taquin européen. Le futur roi Charles III d’Espagne reçu en échange de la Toscane le Royaume des Deux Sicile.
Ainsi le jeune duc de Lorraine fut élevé grand-duc de Toscane et électeur du Saint Empire, ce qui rendit son mariage possible avec Marie-Thérèse. La France en retour obtint la Lorraine dont Stanislas devint le duc régnant, les traités stipulant l’annexion du pays par la France
à la mort du duc.
C’est ainsi que Nancy perdit son indépendance et gagna la magnifique place Stanislas, initialement place Royale avec la statue de Louis XV en son centre, histoire d’habituer les Lorrains à leur prochaine soumission à la France. C’est ainsi que Stanislas coula des jours heureux en son château de Lunéville jusqu’à ce qu’un tison, accidentellement projeté sur sa robe de chambre alors qu’il s’était assoupi près de la cheminée, n’accéléra le rattachement de la Lorraine à la France.
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